Le modèle de la musique populaire est un modèle d’expression et de diffusion de masse. La musique rock, apparue à la fin des années 1950, va pendant tout le dernier quart du XX° siècle connaître une phase de créativité et d’influence sans précédent. Malgré son statut d’art de masse, elle va démontrer durant les années 1960 et 1970 une créativité soutenue, en phase avec les bouleversements sociaux de l’époque, et en rupture avec les standards de l’industrie musicale d’alors.

Quels sont les modèles de création artistique de rupture que cette forme d’expression artistique a développé, et en quels termes sont-ils remarquables ?

La création musicale rock s’est épanouie dans un contexte inédit par rapport à celui de la musique savante, du jazz ou encore de la musique de variété. Le moteur a été une création collective englobant un domaine (savoir culturel englobant la production créative) et un champ (personnes et objets influençant et contrôlant le domaine) particuliers autour de la création d’artefacts spécifiques dénommés les œuvres – enregistrement.

Un modèle de rébellion ou d’intégration?

Rébellion ou intégration? (photo Motörhead)

Le moteur de la créativité a été l’envie de créer et son révélateur les circonstances offertes pour être mis en situation de créer. Souvent, un objectif (faire un album) et une deadline (le terminer pour une échéance précise) peuvent être galvanisants. Il aura fallu pour cela affronter les épreuves avec courage et prendre le risque de s’exposer devant les autres, en essayant d’éviter les pièges que la société ou l’industrie musicale vont mettre sur le chemin, afin de rester « pur ». Le succès peut être un de ces pièges, et l’industrie musicale, versée dans son modèle de starification et de formatage, sera rarement une alliée du processus créatif, surtout s’il vise la rupture par rapport au passé.

Le musicien rock est devenu un temps le porte-parole de sa génération. Pour autant, cette position de guide n’a pas empêché nombre de ces artistes de rentrer en conflit avec leur environnement, professionnel comme public, pour pouvoir ainsi échapper au formatage et à la récupération et pouvoir innover.

Dans de telles conditions, comment les artistes ont-ils pu mener à bien leur travail et réussir à produire autant de chefs d’œuvres ?

Lire : « Parfois ça dégénère », Marc Alvarado, Editions Bookelis / Storymag, 2020.