Esprits libres et fusions des genres : les innovations musicales des années 1960/70
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« 1969. Le rock et le funk se vendaient comme des petits pains, mis en vitrine à Woodstock. Plus de 400 000 personnes au concert. Autant de gens, ça rend tout le monde fou, et en particulier ceux qui font des disques ». Miles Davis.
Vingt ans avant l’apparition de l’échantillonnage et de la boucle, des artistes aventuriers épris de liberté vont pratiquer le mélange des styles, dans une période sans tabou où le mot révolution n’était pas un vain mot. Les Esprits Libres, ce sont ces artistes qui, au sein de l’industrie musicale, vont lutter contre le conformisme ou contre l’oppression (artistique, commerciale ou politique). L’esprit libre, c’est l’esprit de découverte et de liberté.
« Les Esprits Libres », c’est l’histoire de cette musique qui s’est inventée à la fin des années soixante, quand le public était galvanisé par le vent du changement et porté par le progrès technologique en marche. En 1969, on a marché sur la lune, communié à Woodstock et prêté une oreille attentive aux « nouvelles directions en musique » de Miles Davis. Après Woodstock, une jeune nation s’est dressée, et avec elle, une ère de créativité sans égal s’est ouverte pour des artistes qui vont utiliser leur art pour se libérer, au propre comme au figuré, en Amérique comme en Europe.
La conquête de l’espace
Pendant que Miles Davis, John McLaughlin ou Chick Corea poussaient vers le rock, Jimi Hendrix, Chicago ou Jack Bruce tiraient vers le jazz. Herbie Hancock se dirigeait vers le funk rejoindre Earth, Wind & Fire, issu comme lui du jazz. Joni Mitchell chantait avec Jaco Pastorius et Jeff Beck jammait avec Stevie Wonder. Les maisons de disques n’y comprenaient plus rien, et le public en redemandait. Tout au long de cet ouvrage, nous irons à la rencontre des acteurs majeurs de cette révolution, et nous analyserons, outre les genres musicaux et les œuvres abordées (jazz-rock, jazz-soul, jazz-funk, funk-rock, flamenco-rock, samba-rock, latino-rock, et d’autres encore), le contexte particulier dans lequel ces mélanges ont pu avoir lieu, et les conditions de leur diffusion dans le climat artistique, social et politique de cette vague utopique.
C’est la prise de conscience d’une jeunesse qui ne veut pas se laisser enfermer dans les conventions. C’est une parenthèse enchantée dans l’univers de la création musicale où les artistes vont, l’espace d’un instant, s’installer aux commandes du vaisseau. La conquête débute en 1969, pour quelques années où le goût de l’aventure va primer sur la rente de situation. Et effectivement, cela a rendu pas mal de gens fous…